Mini-chargeuses à conducteur debout : Le couteau-suisse des espaces verts

Les mini-chargeuses à conducteur debout ont mis du temps à s’imposer sur le marché français mais les choses sont en train de changer. Tour d’horizon des atouts qu’elles ont à faire valoir sur les chantiers des paysagistes et des critères à regarder avant d’acheter.

S’il se vend plus de 4700 unités par an aux Etats-Unis, le marché français de la chargeuse compacte à conducteur debout est plus confidentiel avec seulement une centaine de machines vendues à l’année. Mais les constructeurs voient un intérêt croissant des paysagistes français pour ces machines à la fois polyvalentes et compactes.

Les atouts des mini-chargeuses

La polyvalence d’un tracteur

L’une des explications du succès actuel des mini-chargeuses réside dans leur extrême polyvalence, une caractéristique de plus en plus recherchée par les dirigeants d’entreprises de paysage pour améliorer les rendements de chantiers mais aussi suppléer une main d’œuvre de plus en plus difficile à trouver.

Ces machines peuvent ainsi recevoir une large gamme d’accessoires mécaniques ou à entrainement hydraulique : des godets, des fourches, des grapins, des trancheuses de sol, des tarières, des préparateurs de sol, mais aussi des marteaux piqueurs, des enfonce-pieux, des malaxeurs à béton, des broyeurs d’herbe ou forestiers, des broyeurs de branches, des rogneuses de souches, des tailleuses de haies, des balayeuses, des fraises à neige…

A l’instar des chargeuses compactes à conducteur embarqué, les mini-chargeuses à conducteur debout sont particulièrement adaptées pour de la manutention de matériaux ou de fournitures sur chantier. Mais elles peuvent aussi se substituer à un tracteur pour l’engazonnement ou l’entretien de friches et de haies, à une trancheuse de sol pour la pose d’un réseau d’arrosage enterré, à une mini-pelle pour la pose de clôture ou encore à un chariot élévateur pour la manutention de palettes sur le dépôt.

Même si le choix n’est pas aussi large que sur les tracteurs compacts, les gammes d’accessoires proposées par les constructeurs s’agrandissent au fur et à mesure de l’expression de nouveaux besoins par les paysagistes.

A noter que la connexion des outils se fait via une plaque de fixation rapide de type Bobcat, qui permet de changer d’accessoires bien plus rapidement et facilement que sur un attelage trois points. 

Crédit Soisy Arrosage

La compacité en plus

Mais, à puissance équivalente, les mini-chargeuses sont bien plus compactes que les tracteurs espaces verts, ce qui leur permet de passer par des portillons, de se faufiler dans des passages étroits et simplifie les manœuvres dans les espaces exigus. Avec la densification urbaine, les jardins deviennent de plus en plus petits avec des accès de plus en plus difficiles. Les mini-chargeuses ont donc de beaux jours devant elles.

La position debout de l’opérateur (généralement porté sur une petite plateforme arrière surélevée) associée à la forme plongeante de ces engins offre également une meilleure visibilité sur l’outil qu’un tracteur équipé d’un chargeur frontal ou d’un outil trois points arrière.

Les éléments clés pour choisir sa mini-chargeuse

Si vous êtes séduits par les atouts de ces machines, il vous faudra en premier lieu définir objectivement votre besoin :

  • La surface moyenne des jardins de vos clients : cela conditionne les dimensions de la machine
  • La typologie des chantiers ciblés : si la polyvalence des mini-chargeuses permet de les positionner presque partout, la nature des chantiers à réaliser déterminera les capacités attendues (grosse capacité de levage pour faire de la manutention de palettes, hauteur de bras suffisante pour benner dans un camion avec double ridelles…)
  • Et enfin le volume des chantiers concernés: cela permettra de faire une estimation du temps d’utilisation annuel de la machine, un paramètre indispensable pour juger de la pertinence de cet investissement.

Une fois ces critères définis, voici les éléments importants à regarder :

Les dimensions

Le premier critère à regarder reste l’encombrement de la machine. S’il peut être tentant de privilégier la puissance, cela s’accompagne aussi d’une machine plus lourde et plus encombrante, ce qui peut vous poser des soucis de transport ou d’accès sur les chantiers. Il faut donc souvent trouver le juste équilibre entre taille et puissance.

Pour les modèles classiques avoisinant les 20-25 ch, on est généralement à moins de 2 m de long et moins d’1,10 m de large. Les modèles les plus étroits descendent même sous la barre des 90 cm et peuvent ainsi se faufiler à travers un portillon pour accéder au jardin.

La motorisation

La plupart des machines reçoivent des motorisations diesel (Kubota ou Yanmar), mais les constructeurs proposent également quelques versions essence (avec des moteurs Kohler, Vanguard ou Honda). Des versions électriques commencent à arriver, avec un modèle chez Toro et un autre chez Vermeer via un accord de distribution avec le néerlandais Conmeq. Plus petites et montées sur pneus, elles affichent généralement des performances inférieures aux versions thermiques. Elles sont habituellement utilisées dans le Bâtiment, pour effectuer des travaux à l’intérieur des bâtiments.

L’hydraulique

L’hydraulique est utilisée à la fois pour l’avancement de la machine, le levage du bras et l’entraînement des outils. Les machines sont donc souvent équipées de trois pompes : deux pompes pour la transmission (une par chenille) et une pompe dite auxiliaire pour animer le bras et l’accessoire.

La puissance de l’hydraulique (pression mais surtout débit) déterminera la taille des accessoires que l’on pourra monter sur la machine. Plus la mini-chargeuse est puissante, plus elle peut recevoir des outils larges et plus sa productivité augmente. A noter que certains outils trop « gourmands » en hydraulique, comme les broyeurs forestiers, seront cantonnés aux modèles les plus puissants.

La plupart des machines sont équipées de série d’un distributeur double effet push-pull monté à l’avant du bras. Un second distributeur DE peut être nécessaire pour l’entrainement de certains accessoires. A noter qu’un drain de retour est utile pour protéger certains accessoires comme les rogneuses de souches.

Les capacités

En termes de capacités, il faut regarder :

  • La capacité de levage (ou de basculement) : elle correspond à la charge maximale que la machine peut soulever.
  • La capacité de levage « nominale » ou « opérationnelle » : équivalente à 35 % de la capacité de levage (norme SAE), elle correspond à la charge maximale « normée » pour une utilisation sans risques.
  • La « hauteur maximale à l’axe de l’outil » ou « hauteur maximale d’axe articulation » : comprise entre 1,50 m et 3 m suivant les modèles.

La capacité de levage des machines dépend évidemment de la puissance du moteur mais c’est surtout le poids et l’empattement de la machine (donc sa stabilité) qui la déterminent. La SK800 de Ditch Witch en est un bon exemple : de même puissance que la petite SK600, elle voit sa capacité de levage progresser de 43 % en raison de son plus gros gabarit. Certains constructeurs proposent d’ailleurs l’ajout de masses pour augmenter la capacité de levage de leurs machines.

Les autres points à regarder

  • Le poids : compris entre 800 et 1500 kg pour la plupart des modèles ; leur transport nécessite donc un permis EB ; si une remorque simple essieu peut être suffisante pour certains modèles, une remorque double essieu de PTAC 3,5 T est préférable pour pouvoir embarquer plusieurs outils avec la machine.
  • La vitesse d’avancement : comprise entre 4 et 8 km/h, elle impacte directement le rendement de chantier et notamment la rapidité des cycles de manutention.
  • L’entrainement par chenilles ou pneus : la plupart des modèles sont chenillés, une monte qui offre une bonne capacité de traction et une très faible pression au sol (de 0.2 à 0.4 bar) mais peut arracher la pelouse notamment lors de virages serrés. Certains constructeurs proposent des modèles sur pneus pour les chantiers plus exigeants.
  • Le confort et la prise en main: il peut être intéressant de tester la machine pour évaluer la qualité de la suspension de la plateforme arrière et juger de l’ergonomie du poste de pilotage.
  • La maintenance : il faut faire attention au nombre et à l’accessibilité des points de graissage ; au niveau des chenilles, un tendeur à graisse offrira plus de précision qu’un tendeur mécanique.
  • Les systèmes de sécurité 
  • La présence de phares pour pouvoir travailler plus longtemps l’hiver.

Côté prix, la fourchette est assez large avec des modèles compris entre 30 000 et 90 000 €. Sans compter que le budget peut vite grimper avec l’ajout de plusieurs accessoires.

Tour d’horizon des marques présentes sur ce segment

En France, les deux marques les plus connues sont incontestablement Toro et Ditch Witch. Mais Vermeer, Bobcat, Cormidi et Microbull sont aussi positionnées sur ce marché. L’augmentation des ventes devrait attirer d’autres prétendants.

Toro

TX1300

La gamme de porte-outils Dingo du constructeur américain Toro comprend trois modèles à roues en motorisation essence 23 ch (323), diesel 20 ch (320-D) et électrique (e-Dingo 500), ainsi que deux modèles à chenilles diesel de 25 ch (TX525) et 29 ch (TX1000). Les modèles à chenilles sont proposés en version étroite (86 cm de large) ou en version large (104 cm). Toro lance cette année le TX1300, un modèle chenillé diesel de 37 ch. Le constructeur propose une quarantaine d’accessoires au catalogue.

 

 

 

Ditch Witch

SK1050

C’est le constructeur qui offre l’une des gammes les plus larges du marché français avec pas moins de six modèles : SK600, SK800, SK1050, SK1550, SK3000 et Zahn R300. Les SK sont équipées en motorisations diesel allant de 25 à 59 ch.De conception différente, le Zahn R300 est un petit modèle articulé sur pneus de seulement 585 kg qui est particulièrement adapté pour travailler en courbe (avec une trancheuse de sol notamment). Ditch Witch annonce plus de 60 accessoires pour ses machines.

 

 

Vermeer

S925TX

Le constructeur américain possède une large gamme de mini-chargeuses mais deux modèles seulement sont commercialisés en France : la S450TX, proposée en motorisation diesel de 25 ch et essence de 27 ch, et la S925TX, en versions 4 cylindres diesel de 25 ch et essence de 40 ch. Cette dernière est disponible en deux largeurs de chenilles. Ces modèles sont équipés de série de deux lignes hydrauliques double effet et d’un drain sur la ligne haut débit. La gamme d’accessoires est assez étoffée.

 

 

 

Cormidi

L’italien Cormidi, spécialiste des dumpers, a repris le châssis des mini-dumper pour ses quatre modèles de mini-chargeuses : C85, C1200, C1500 et C1600. Le petit C85 est proposé en 4 motorisations essence ou diesel allant de 9 à 14 ch. Les autres modèles sont tous équipés de moteurs diesel de 25 ch. L’offre d’accessoires est assez large.

 

 

 

Bobcat

Spécialiste de la chargeuse compacte, Bobcat ne propose toutefois qu’un seul modèle à conducteur debout : le MT55. Equipé d’un moteur diesel de 25 ch, c’est le seul modèle de la catégorie proposé en standard sans plateforme arrière : l’opérateur marche derrière la machine. Le constructeur annonce sur son site une quinzaine d’outils compatibles avec ce modèle.

 

 

 

Cast Group

Ce constructeur italien propose quatre modèles de mini-chargeuses à pneus (SSQ11, SSQ15, SSQ22, SSQEco). Elles se démarquent de la concurrence par leur compacité : 74 cm de large pour 1,52 m de long sans outil. Les SSQ11 et SSQ22 sont proposées en motorisations essence de respectivement 12 et 22 ch, alors que la SSQ15 est une version diesel de 15 ch (disponible également en version radiocommandée). La SSQEco est une version dotée d’une motorisation électrique avec une autonomie de 7 h selon le fabricant. Leur poids avoisine les 600 kg, sauf pour la version électrique qui monte à 850 kg.

 

 

Micro-Pelle

Micro-Pelle, le petit poucet français installé dans l’Aube, propose un seul petit modèle d’entrée de gamme : le microBull. De seulement 75 cm de large, c’est le plus étroit de la catégorie. Proposé en trois motorisations essence de 9 à 23 ch, il peut recevoir un vaste choix d’accessoires mais embarque un système d’attache spécifique à la marque. Avec un poids de seulement 700 kg, il a l’avantage de pouvoir facilement être déplacé sur les chantiers.

 

 

 

 

 

Arrivée prochaine de Kubota et Wacker Neuson sur ce segment ?

La croissance du marché des mini-chargeuses intéresse deux autres poids lourds du secteur de la construction. Kubota a ainsi dévoilé en 2020 sa première mini-chargeuse SCL1000. Dotée d’un moteur diesel de 25 ch, elle n’est pour l’instant distribuée qu’aux Etats-Unis. Wacker Neuson a aussi présenté fin 2021 son premier modèle : la SM100, également avec une motorisation diesel de 25 ch. Elle n’est pas encore disponible en France.