Arrosage automatique : Les équipements indispensables pour optimiser les consommations d’eau
La quasi-totalité des départements français ont été confrontés cet été à des restrictions d’usage de l’eau notamment pour l’arrosage des jardins et des espaces verts. Il est donc urgent pour les collectivités et les particuliers de mettre en place un arrosage raisonné, qui utilise l’eau au plus près des besoins réels des plantes et notamment des gazons. Voici un panel des solutions proposées par les fournisseurs pour y parvenir.
Si les marques leaders en matière d’arrosage espaces verts proposent depuis longtemps des solutions d’optimisation des systèmes d’arrosage automatique, elles étaient pour l’instant surtout cantonnées aux collectivités. Les raisons étaient multiples : un coût d’installation ou d’abonnement rédhibitoire pour les particuliers, des systèmes assez complexes à gérer mais aussi, il faut le reconnaître, une faible sensibilisation de nos concitoyens aux économies d’eau.
La « crise de l’eau » de cet été a dû faire évoluer les mentalités. L’arrivée de solutions « connectées » et plus intuitives chez les fabricants historiques mais aussi chez de nouveaux acteurs devraient permettre aux particuliers de franchir le pas. La multitude de sondes disponibles permettent en outre de faire des choix plus judicieux, en tenant compte des paramètres environnementaux locaux. Enfin, les paysagistes ont leur rôle à jouer en tant que prescripteurs principaux en matière d’arrosage.
La gestion centralisée se démocratise
Très répandue dans les collectivités, la gestion centralisée permet de piloter via un logiciel de gestion d’arrosage installé sur un ordinateur les programmateurs installés sur les différents sites de la commune. Elle permet depuis son bureau d’ajuster en quelques minutes les temps d’arrosage des différents secteurs, les heures de démarrage et de surveiller le système. La communication entre le PC et les programmateurs se faisait traditionnellement via une liaison par ligne téléphonique (installation de modems sur les programmateurs), une liaison GSM (via des modems GSM sur les stations) ou via une liaison directe par câble.
En arrosage résidentiel où un seul programmateur est généralement suffisant pour piloter le système d’arrosage automatique, les modifications se faisaient habituellement directement sur la console du programmateur. Mais le petit écran des programmateurs et leur paramétrage assez complexe rebutaient les particuliers et n’incitait pas les professionnels à répéter les ajustements.
Des programmateurs Wifi et Bluetooth
Mais on voit aujourd’hui arriver sur le marché des systèmes d’arrosage « connectés » pouvant désormais être pilotés à distance via une simple connexion Wifi ou Bluetooth, deux technologies bien connues du grand public.
Dans le cas du Wifi, le programmateur communique en Wifi avec la box internet du client, qui envoie ensuite les informations dans le Cloud du fournisseur. Il est ainsi possible de se connecter au module de gestion à tout moment et de n’importe où, à partir du moment où vous avez une connexion internet.
Certains produits sont aussi proposés avec une connexion Bluetooth. Habituellement moins chers, ils obligent néanmoins l’utilisateur à être à quelques mètres du programmateur pour pouvoir le piloter et se destine donc plutôt aux particuliers qui souhaitent gérer seuls leur arrosage.
En standard ou via des modules optionnels
Si les nouveaux acteurs comme Solem proposent cette connectivité en standard sur leurs programmateurs, les fournisseurs historiques aux gammes plus étendues ont adopté des stratégies différentes :
- Hunter propose 5 modèles de programmateurs compatibles Wifi en standard
- Rain Bird et Toro ont fait le choix de proposer cette fonctionnalité en option, via l’ajout d’un module dédié ; cette solution est intéressante pour upgrader un module ancien non doté du Wifi lors de l’installation (vérifier quand même la rétrocompatibilité des modules Wifi)…
Une multitude de sondes pour ajuster l’arrosage
Pour plus d’efficacité dans le paramétrage de l’arrosage, il convient de rajouter des capteurs pour avoir une vision plus précise du besoin réel des plantes. Il existe sur le marché une multitude de sondes, qui se connectent au programmateur par câble ou sans fil (par exemple, via la technologie « Smart Connect » de Toro).
Voici les grandes familles de sondes disponibles :
Débitmètres
En matière d’économie d’eau, le débitmètre est un équipement indispensable. Installé généralement sur la conduite principale en amont des électrovannes, ce « compteur d’eau » permet de suivre précisément la consommation d’eau cumulée et la consommation de chaque voie.
Surveillant en permanence le système, le débitmètre permet également de détecter toute anomalie : aussi bien un débit anormal avec les électrovannes fermées dû à une fuite d’eau en amont, un faible débit dû à une canalisation secondaire bouchée ou un débit excessif résultant d’une tuyère ou turbine cassée. Une alerte automatique est envoyée à l’utilisateur et la voie concernée peut être coupée automatiquement.
Sondes de pluie et stations météorologiques
Cette famille de sondes permet d’adapter l’arrosage en fonction des conditions climatiques.
La sonde de pluie (aussi appelée pluviomètre) est un autre équipement indispensable, qui permet de couper l’arrosage lorsqu’il pleut. Ces appareils sont généralement équipés d’un disque hygrométrique, un système rudimentaire mais fiable qui gonfle avec la pluie et arrête la programmation. L’utilisateur peut choisir le seuil de coupure (au-delà de X mm) afin d’éviter de sauter un cycle en présence d’une pluie fine. En séchant, les disques reprennent leur forme initiale, ce qui réactive le système.
Les stations météo permettent, elles, de mesurer les conditions météorologiques locales (la température, l’hygrométrie, la vitesse du vent…) afin d’estimer l’EvapoTranspiration Potentielle (ETP) du site, une donnée fondamentale pour ajuster l’arrosage au plus près des besoins. L’ETP correspond en effet à la quantité d’eau perdue chaque jour par le sol (par évaporation) et les plantes (par transpiration). L’objectif de l’arrosage est donc de compenser cette perte pour maintenir une humidité suffisante au niveau du sol. Ces systèmes permettent également de couper les tuyères et les turbines en cas de vent fort, qui risquerait d’impacter l’homogénéité de l’arrosage.
Sachez toutefois que les logiciels de gestion centralisée les plus récents sont capables de récupérer les données des stations météorologiques situées à proximité, qu’elles sont publiques ou privées. Ce n’est donc pas un investissement obligatoire.
Capteurs de sol
Si la connaissance de l’ETP journalière est un prérequis à un arrosage raisonné, la connaissance de l’humidité du sol, ou plus précisément de l’eau disponible au niveau du sol, est un autre facteur important pour ajuster correctement l’arrosage.
Cette information peut être fournie par des capteurs de sol. Il en existe deux grands types :
- Ceux mesurant l’humidité volumique: ils donnent le pourcentage d’eau dans le sol, aussi bien l’eau utile qui est contenue dans le « réservoir -sol l’eau » et l’eau « liée » non utilisable par les plantes ; on peut ainsi estimer la RFU, qui correspond à l’eau facilement utilisable par les plantes.
- Ceux mesurant la tension de l’eau dans le sol, c’est-à-dire la force avec laquelle le sol retient l’eau : ils évaluent la « disponibilité » de l’eau dans le sol (plus la tension est élevée, moins l’eau est accessible).
Les valeurs données par ces capteurs peuvent être assez compliquées à interpréter et doivent impérativement être corrélées à des observations terrain pour éviter un mauvais paramétrage de la régulation.
Une programmation simplifiée
L’ajout d’une connectivité Wifi aux programmateurs résidentiels simplifie grandement le travail du paysagiste, qui peut désormais piloter le système via une simple application iPhone ou Android. RainBird, Solem et Hunter (grâce à son rachat d’Hydrawise en 2016) en proposent une depuis déjà quelques années. Toro, qui n’en proposait pas jusqu’à présent, rattrape son retard avec la sortie cette année de l’application Tempus Air, qui permet de piloter une partie de ses contrôleurs.
Un réglage au doigt et à l’œil
Fini l’étape fastidieuse de la programmation post-installation. Plus besoin de rentrer dans le menu alphanumérique complexe des programmateurs pour déterminer les temps d’arrosage de chaque voie. Sur les modèles connectés, la programmation peut désormais se faire directement via l’application dédiée sur un smartphone ou une tablette.
L’installateur peut aussi tester le fonctionnement correct des électrovannes et des arroseurs en lançant chaque électrovanne directement depuis son smartphone. Pratique quand on est seul ou que le programmateur est situé assez loin des zones d’arrosage.
Un pilotage à distance
Grâce à cette connectivité, le paysagiste a aussi la possibilité de suivre à distance les installations de ses clients. Il peut ainsi voir rapidement si des alertes se sont déclenchées ou modifier les paramètres d’arrosage pour les ajuster aux conditions météorologiques sans avoir à se rendre sur place.
Pour plus de confort et d’efficacité, sachez que le pilotage peut aussi se faire directement sur un ordinateur connecté à internet, via un logiciel en ligne généralement plus complet que l’application.
La fonction « Water Budget »
La plupart des programmateurs disposent d’une fonction « Water budget », qui permet de modifier rapidement la durée de fonctionnement des électrovannes sans toucher aux réglages de base. Elle se montre intéressante pour ajuster facilement l’arrosage en fonction des changements météo saisonniers.
Cet ajustement s’effectue en pourcentage de la durée de la valeur standard (100 %), avec la possibilité de la moduler de 0 % (EV arrêtée) à 200 ou 300 % (durée multipliée par 2 ou 3). Ainsi, pour une station configurée pour fonctionner pendant dix minutes, si vous ajustez le Water budget à 50%, elle ne fonctionnera plus que 5 minutes. A 150 %, son temps de fonctionnement passera à 15 min.
Certains programmateurs appliquent le Water budget à tous les programmes et stations du programmateur. D’autres programmateurs offrent une flexibilité supplémentaire en vous permettant de définir un Water budget différent pour chaque programme. Avec ces programmateurs, vous pouvez régler le Water budget à 0% pour désactiver temporairement un programme pendant que vous laissez les autres programmes fonctionner normalement.